À l’approche du Grand Prix de F1, Montréal s’apprête à accueillir un flot de visiteurs… et de dépenses. Mais qu’en est-il vraiment de la consommation ici et ailleurs au pays?
En prévision d’un été où chaque dollar compte, on a demandé à Moneris, qui traite une transaction sur trois au Canada (cinq milliards de transactions analysées chaque année!) de nous aider à décoder les tendances actuelles. Secteurs gagnants, baisses inattendues, signaux faibles: tout y passe.
Q : Aux niveaux national et montréalais, comment les dépenses des consommateurs ont-elles évolué d’une année à l’autre?
R : Avec autant de facteurs externes qui influencent l’économie canadienne, il n’est pas surprenant que les dépenses des consommateurs au pays n’aient connu qu’une légère hausse au cours des premiers mois de 2025, comparativement à l’année précédente. À l’échelle nationale, le volume total des dépenses des consommateurs au Canada a augmenté d’un peu plus d’un pour cent. Le Québec a également connu une croissance similaire en pourcentage.
Inversement, Montréal a enregistré une légère baisse du volume global des dépenses. Cette diminution pourrait s’expliquer par divers facteurs. Par exemple, les grandes villes et les zones densément peuplées au Canada ont connu cette année des conditions météorologiques extrêmes qui ont pu avoir un impact sur les dépenses. Montréal n’a pas fait exception : la ville a connu des chutes de neige record et un froid extrême. Il est également important de noter que février de l’année précédente comptait un jour de plus, année bissextile oblige.
Q : De combien a diminué la consommation des visiteurs étrangers ici?
R : Au début de 2025, les dépenses des visiteurs étrangers ont légèrement diminué, le volume global des dépenses étrangères ayant baissé de près de sept pour cent dans l’ensemble du Canada. Cela est probablement dû à une baisse des dépenses provenant des cinq principales sources étrangères : Chine, Royaume-Uni, France et Australie. La seule exception a été les États-Unis, où les dépenses ont augmenté de un pour cent.
Montréal est une destination touristique prisée. Avec la baisse des dépenses étrangères dans tout le pays, il est possible que la ville soit plus vulnérable aux baisses du nombre de voyageurs internationaux. Globalement, le volume des dépenses étrangères à Montréal a connu une diminution plus marquée, atteignant presque 10 pour cent. Cette baisse est cohérente avec la tendance nationale.
Q : Quels ont été les points forts et les points faibles des dépenses, ce trimestre?
R : En examinant les principales catégories d’entreprises à Montréal, les services professionnels (comme les cabinets comptables, les organismes de bienfaisance et les organisations sociales, les cabinets dentaires, les courtiers en assurances, les métiers, etc.) ont enregistré une hausse modérée d’une année à l’autre en nombre de transactions. La catégorie des « Spécialités » (qui regroupe plusieurs secteurs tels que les magasins de vêtements, les stations-service et dépanneurs, les terrains de golf, les épiceries, les produits ménagers, etc.) a connu une augmentation du volume et de la taille des transactions. Cette tendance indique que même si les consommateurs font moins d’achats, chacun d’eux tend à être légèrement plus important.
Comme l’ont montré certains indicateurs des dépenses étrangères, l’incertitude économique a poussé de nombreux Canadiens à réduire leurs dépenses discrétionnaires. À Montréal, le volume des dépenses dans les secteurs des divertissements et des restaurants a diminué de sept à neuf pour cent. Cette baisse s’explique en partie par une diminution du nombre de transactions et de la taille des achats, les consommateurs effectuant moins de sorties et dépensant moins lors de ces sorties.
Q : À quoi s’attendre pour les dépenses en marge du Grand Prix de F1 de 2025?
R : Si les résultats du Grand Prix du Canada de 2024 sont un indicateur fiable, on peut s’attendre à une augmentation du tourisme et du volume des dépenses étrangères au pays en 2025, les dépenses étrangères ayant crû semaine après semaine en 2024. Les plus fortes augmentations ont été observées dans les secteurs traditionnels du tourisme, tels que les restaurants et les hôtels.
La seule exception à cette tendance est que les dépenses étrangères dans les attractions touristiques à Montréal ont diminué. Cela pourrait s’expliquer par plusieurs facteurs. Par exemple, certains événements climatiques tels que des vagues de chaleur ou des orages peuvent décourager les visiteurs; les amateurs de course ont peut-être choisi de concentrer leur temps et leur argent uniquement sur la course; ou encore, d’autres événements à l’échelle de la ville avant le Grand Prix ont peut-être attiré plus de dépenses.
Q : Finalement, voyez-vous déjà apparaître des tendances saisonnières pour l’été?
R : Avec l’annonce des tarifs américains et une baisse notable des arrivées au Canada (selon Statistique Canada), l’incertitude économique a poussé les consommateurs à réduire leurs dépenses discrétionnaires, notamment les voyages et les loisirs, tous deux en baisse de presque sept pour cent.
Cependant, à l’approche de la saison estivale, les dépenses des consommateurs semblent se tourner vers un soutien accru à l’économie locale, avec un patriotisme canadien en hausse. Cela pourrait se traduire par un regain des dépenses locales, les Canadiens choisissant de privilégier les voyages et les entreprises du pays.
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