La notaire mobile qui unit droit et coeur

La notaire mobile qui unit droit et coeur

Lorsqu’on étudie en notariat, on entend vaguement parler de la possibilité de se lancer à son compte. Mais la majorité de la formation met l’accent sur le parcours d’employé. Pour Melinda Maysounave, pourtant, l’entrepreneuriat a toujours fait partie du décor.

« Je n’ai connu que ça! », lance-t-elle en parlant de ses parents, deux entrepreneurs dans l’âme. Sa mère possédait un magasin de robes de mariée en France, et avec son père, ils ont géré un relais en montagne dans les Alpes. Après leur immigration au Québec, ils ont ouvert une auberge. Les affaires étaient cycliques, avec des hivers plus difficiles où ils devaient se serrer la ceinture, et des étés plus rentables. Malgré les sacrifices, ses parents se sont toujours assurés que leurs enfants ne manquent de rien.

« Partir à son compte, en région, après avoir immigré, ce n’est pas évident. J’étais admirative. Même jeune, je comprenais ce qui se passait. »

Cette fibre entrepreneuriale, Melinda l’a pleinement embrassée. Aujourd’hui, elle n’est pas seulement notaire… elle est aussi entrepreneure. « Tu fais des sacrifices de temps et d’argent. Et on ne voit pas les résultats tout de suite. Mais ce n’est pas parce que je frappe un mur que c’est fini. J’apprends, je me ressaisis, et je change de direction. »

Elle était assurément faite pour cela. « Tu touches à tout! Ta journée ne ressemble jamais à la précédente. Quelque chose de routinier, je ne peux pas. J’ai besoin d’action. » Elle choisit ses dossiers, elle apprend constamment, et elle fait même sa propre comptabilité pour bien comprendre le fonctionnement de son entreprise.

Une notaire ancrée à Saint-Laurent

Même si elle habite Côte-des-Neiges, c’est à Saint-Laurent qu’elle a choisi de travailler, dans un cabinet où chaque notaire est à son compte.

« Une amie m’a parlé d’un local disponible. Je suis venue et je suis tombée en amour. Ici, c’est joli, c’est proche de tout : les banques, l’autoroute… et on travaille en équipe. »

Un service à domicile… et à l’hôpital

Melinda propose un service rarement offert : des consultations à domicile, et même à l’hôpital. « Souvent, les personnes âgées ne vont pas chercher les services d’un notaire parce qu’elles n’ont personne pour les accompagner. Moi, j’ai toujours aimé aider les gens. C’est une passion. Et ça commence par là : rendre le service accessible. »

Elle répond aussi à des urgences : mandats de protection, testaments, etc. Quand un patient apprend qu’il devra subir une opération majeure et qu’on lui parle des risques associés, ces questions deviennent soudainement urgentes. Récemment, une dame l’a contactée parce qu’elle devait être opérée au cerveau. « Je savais qu’elle risquait d’être transférée rapidement. Je suis allée la voir le soir même. Je lui ai dit : je me débrouille, je viens! Le lendemain, elle était déjà transférée. »

Melinda prend sa responsabilité très au sérieux. À l’hôpital, elle doit s’assurer que ses clients sont aptes à signer des documents légaux – donc pas sous l’effet de médicaments comme la morphine. Elle consulte les médecins, pose des questions aux personnes et les fait répéter pour évaluer leur lucidité. « Quand une cliente hésite, qu’elle n’est plus certaine du nom de ses enfants ou de leur nombre… on ne signe pas. »

Une vision humaine et singulière du notariat

Melinda a reçu un diagnostic de TDAH il y a plusieurs années, mais elle ne considère pas que cela la freine dans son travail. Au contraire, sa tendance à vouloir toucher à tout – au sens figuré – lui sert à se développer dans sa pratique.

Et, au sens littéral, elle se rabat sur un tiroir de jouets sensoriels qui l’aide à se recentrer quand elle en a besoin. « Je ne vois pas ça comme un obstacle. On le tourne à son avantage! »

Avec son approche humaine, le modèle de ses parents et sa volonté de rendre les services juridiques accessibles, Melinda Maysounave redéfinit ce que signifie être notaire. Elle incarne une nouvelle génération de professionnelles ancrées dans leur communauté, à l’écoute des besoins réels des gens — tout en gardant le cap sur leur propre vision de la réussite.

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